Guy TEXIER : nous livre son histoire

En 1946 est diffusé à Trignac le film de René CLEMENT « La bataille du rail » qui relate la Résistance des cheminots contre l’occupation et la répression nazie et contre la collaboration de Vichy. Avec un frère ainé, qui milite à l’UJRF, nous allons pour voir le film, la salle est archi pleine et nombreux sont ceux qui restent à l’extérieur, mécontents de ne pouvoir assister à la projection, dont de nombreux communistes de la région, puisque le film n’est, semble-t-il, diffusé qu’à Trignac. 

Les camarades manifestent leur mécontentement et déclarent « nous voulons voir ce film, car nous sommes ceux qui étaient dans la Résistance, c’est notre film. » Devant la détermination des camarades et des autres personnes, le directeur est appelé et décide qu’il y aura des projections les jours suivants pour permettre à tous d’assister aux projections. Et c’est ainsi, qu’à 8 ans, je participe à ma première manifestation pour voir ce film qui m’a beaucoup marqué : je m’en souviens encore aujourd’hui. J’ai ensuite adhéré aux VAILLANTS puis à l’UJRF. Les évènements se sont succédés à ma sortie de l’apprentissage en juin 1955, avec les grèves et le succès à la fin du mois d’aout, et les affrontements sévères avec les CRS, puis les grèves de 1957 où un ouvrier du carénage est écrasé par la grille renversée par les CRS. Il y a eu beaucoup de manifestations à l’époque pour la paix en Indochine et en Algérie. Les communistes et la CGT y étaient toujours parmi les plus nombreux et les plus actifs. Un évènement particulièrement marquant : la manifestation du 28 mai 1956, pour s’opposer au rappel et à l’envoi du contingent en Algérie, qui va rassembler 8.000 personnes à la gare de St. Nazaire - la plus grande manifestation en France, avec des heurts violents avec les CRS. 

J’avais 18 ans et mon tour allait venir. Mon séjour de deux ans en Algérie à sans aucun doute été le motif le plus déterminant pour mon engagement syndical et politique. Ce que j’ai vu de la colonisation et de la répression était révoltant d’injustice et de cruauté. Dès mon retour, étant syndiqué depuis 1955, je suis élu délégué du personnel en décembre 1960, avec diverses responsabilités jusqu’à aujourd’hui. J’ai adhéré au parti en 1964, avec une interruption en désaccord sur des méthodes qui m’étaient insupportables et non sur la politique. 

En 1961, j’ai aussi le souvenir, au moins à deux reprises d’avoir avec Jules BUSSON, imprimé des tracts pour nos camarades algériens. C’était interdit, il fallait être prudent. Responsable des syndicats de la métallurgie CGT, il y a eu beaucoup de luttes ouvrières dans les années 1960 avec la fermeture des Fonderies, les 1.000 licenciements de la navale, la grève de la SMPA, la grève de deux mois des mensuels avec la participation des ouvriers des chantiers en 1967, et 1968, puis dans les années 1970, marquées surtout par la SEMM/SOTRIMEC et à suivre. Aux chantiers de l’Atlantique dans les années 60 et 70, nous avions 3 cellules (navale, mécanique, mensuels) et jusqu’à 120 adhérents au parti. Nous avions notre journal ‘’En Avant Toute’’, entièrement financé par la publicité et la collecte au drapeau que nous faisions aux portes de l’entreprise (j’en ai conservé tous les numéros de l’époque) Les réunions de cellules ne portaient pas que sur le revendicatif, mais aussi sur la vie du parti, sur la paix et le désarmement, la solidarité internationale avec les peuples opprimés, la lutte pour la justice sociale et contre la domination du capital. Nous avions une vie politique intense contre l’ennemi de classe : la droite, tout en fustigeant les compromissions de la sociale démocratie envers la droite et le patronat. 

Notre combat c’était aussi la recherche permanente de l’union de la gauche pour des changements politiques, ce combat demeure aujourd’hui et est plus que jamais nécessaire face à la montée de l’extrême-droite et de la droite extrême. Ce combat, les communistes l’ont aussi porté dans les municipalités de St. Nazaire, Trignac, Montoir, St. Joachim, St. Malo de Guersac, avec ténacité et succès. Après 60 ans d’engagement syndical mais aussi politique, je peux dire OUI les communistes, le Parti communiste, peut être fier de son combat, nous avons pu nous tromper, mais jamais nous n’avons trahi la classe ouvrière, le monde du travail, nous avons été et nous sommes toujours fidèles aux idéaux, aux engagements, aux combats de la classe ouvrière, du peuple depuis 1920.