Témoignage de Christian Pelloquet

« Être membre du Parti Communiste Français n'était assurément pas inscrit dans mon environnement éducatif même si la guerre et la police française aux ordres de Vichy avaient laissé quelques traces douloureuses.

Mon premier souvenir politique date de 1958, j'étais présent au verre de muscadet entre mon grand père et le voisin (j'avais droit à un jus de fruit).

Le retour de de Gaulle aux affaires était le grand sujet d’actualité ; et à la dernière gorgée, la conclusion de discussion tomba : "Il a sauvé la France pendant la guerre, faisons lui confiance!" J'avais 13 ans, je m'en souviens et le jour du vote, je perçus sans tout comprendre, le désaccord entre mon père et mon grand père.

Comme beaucoup, j'entrais en apprentissage d'électricien pour le compte de Dubigeon et j'en retiens deux choses : avec mes camarades, nous avons reçu une excellente formation tant professionnelle que théorique. (Cela me servira beaucoup pour la suite). Trois mois avant de passer le C A P par courrier recommandé mon père reçut une lettre inquiétante. Je craignais, sous les questionnements de ma maman, le pire. Mais Dubigeon résiliait le contrat pour ne pas m'embaucher suite à la réussite de l'examen comme le prévoyait le contrat. Ouf!, et mon père de conclure : vraiment des en… De retour au civil, je continue ma formation professionnelle en cours du soir et par correspondance, un peu plus de 10 ans !...

Mai 68 arrive, de Gaulle (encore lui) dans un discours très violent et injuste vis à vis du parti Communiste Français et surtout des travailleurs, m'interroge. Après dissolution de l'assemblée nationale, des élections législatives ont lieu. Réunion publique de campagne chez Guillard à la Chaboss[ière]… C'est ma première réunion politique, même si je vote communiste depuis toujours, (souvenir du contrat résilié) à la fin de la réunion, j'adhère au Parti Communiste Français auprès de Paul Gouillard.

Formation politique à l'école de la section, le samedi, j'apprends et cela renforce mon adhésion afin de devenir militant. Donc à l'action et que de souvenirs. Première vente de masse de l'Huma. En équipe avec Yvon Bontemps avec vingt Huma nous parcourons la zone verte de Couëron, la campagne, les vingt journaux sont vendus. Retour à la maison couché sans dîner, un peu fatigué... Yvette prendra même des nouvelles auprès de Janine!...

Décès de de Gaulle (toujours lui). Tous les ans était organisé une vente de masse de l'Huma, ce jour là, chacun a dix journaux : vendus comme des petits pains, retour à la maison de bonne heure et déjeuner cette fois.

Les camarades décident que je sois élu à Couëron lors de la municipale de 1989. Un soir de conseil municipal, une frange des élus "dits socialistes" ont voulu que je sois démis de mon mandat d'adjoint pour trois sujets où nous nous étions opposés à la privatisation de trois services publics ; après trois suspensions de séance je conservais mes délégations d'adjoint.

Mais, ces mêmes élus n'en restaient pas là, par démission collective, ils permettaient ainsi à la droite de gérer la commune.

En 1995, après discussions et une première visite de Fougerat [ancien maire socialiste de Couëron] à la maison. La gauche retrouve la gestion de la commune et les communistes ont toute leur place avec entre autres, quatre adjoints. En 2001, convoqué au « château »! Michel Rica me propose de prendre une vice présidence au sein de Nantes Métropole; comme pour mes mandats de Couëron, j'essaie d'assumer ma responsabilité en collaboration avec les élus communistes dont Raymond Lannuzel , "mon pacse" pour Janine, j'assume le foncier.

À travers cette responsabilité, j'ai eu l'honneur d'être, pour le compte de la collectivité, le signataire de l'acte d'achat des chantiers de navals de Nantes.

Donc réunion pour signature dans les locaux du notaire représentant Nantes métropole. À ma grande surprise, les notaires des deux parties étaient en désaccord à priori sur des "points de détail", mais au bout d'une heure "les détails" étaient toujours là. Je mettais donc fin à la réunion et demandais aux services de ficeler le dossier pour la prochaine réunion de signature. Personnellement je savourais. Lors de la seconde réunion tout était calé, les services et les notaires totalement en phase. Nous passons donc à la signature des actes. Le vendeur, le propriétaire des lieux : Dubigeon (eh oui encore eux). À la suite de ma signature, je pris la parole pour exprimer la satisfaction de la collectivité d'avoir acquis ce bien, mais aussi la mienne puisque c'était dans ces lieux que les chantiers Dubigeon m'avaient formé professionnellement. Je n'eus aucun commentaire, si ce n'est entre deux verres où j'ai rappelé mon licenciement.

Je reste militant, avec un peu de recul, après les dernières municipales de Couëron où nous avons réussi à sauvegarder un groupe de Huit élus.

Que vive le Parti Communiste Français en préservant ses fondamentaux.

Ils sont et resteront modernes.“