C’est le 19 décembre 1920 qu’a lieu, à Nantes, au siège de la fédération, rue de l’Industrie, dans le quartier du Marchix, le congrès fédéral préparatoire au congrès du Parti socialiste qui se tiendra une semaine plus tard à Tours. Un rapport de police adressé au préfet* nous en livre la teneur. 37 délégués représentant 10 des 12 sections du parti (Vallet et Blain sont absentes) débattaient des 3 motions soumises à l’approbation des 958 adhérents du département. Pour la motion révolutionnaire Cachin-Frossard, majoritaire en Loire-Inférieure avec 20 mandats (grâce aux votes de Nantes, Indret, la Montagne, Basse Indre, Paimboeuf et Rezé), c’est l’ouvrier de l’arsenal d’Indret Cremet qui s’exprime : « Nous acceptons, dit-il, les 21 questions de Lénine ; nous voulons la dictature du prolétariat et non celle de la bourgeoisie (…). Assez de compromissions (…) ce que nous préconisons c’est un régime instauré sur des bases nettement révolutionnaires. Plus de parasites, tous au travail… ».
Le nazairien Blancho, parlant au nom des 13 mandats de la « motion unitaire » réformiste de Blum (majoritaire dans les sections de Saint-Nazaire, Donges, Châteaubriant et, dans une moindre mesure Trignac) plaide pour « que l’unité subsiste au sein du parti… » tandis que le nantais Dalby, partisan de la motion centriste « Longuet » (4 mandats) appelait à la prudence : « Nous ne savons pas ce qui se passe en Russie » disait-il, préconisant de n’adopter l’adhésion à la IIIe Internationale qu’avec des réserves. Des altercations vives nous dit ce rapport s’échangent et un certain tumulte règne suite à l’intervention d’un partisan de la IIIe Internationale traitant le nazairien Gautier de « fumiste ». Conformément à la tradition dans le parti, deux représentants (Gomichon pour Nantes et Blancho pour Saint-Nazaire) sont mandatés pour aller au congrès de Tours.
Yann Vince
* ADLA 1 M 1006