Avec des parents engagés, c’est très naturellement que Gérard Rastel est entré en politique : sa mère faisait partie du Comité de libération d’Henri Martin pendant la guerre d’Indochine et son père, travaillant comme docker, a participé du mouvement qui refusait le déchargement des armes américaines dans le cadre de la guerre de Corée. À 12 ans, « Gégé » était porte-drapeau pour « l’Union des vaillants et vaillantes » aux commémorations de Chateaubriant.
Adhérant à la JC à 17 ans, la guerre d’Algérie donne le ton : nous sommes en 1958. Les idées de la Résistance sont toujours très présentes auprès des jeunes et imprègnent leurs actions, comme lorsqu’il a fallu défendre la Bourse du Travail, dormant dans des cars Citroën. Au moment des Accords d’Évian, Gérard est à l’école fédérale à Sainte-Marguerite, et ne fera son service militaire qu’après la guerre, avec la dernière classe à partir sur 18 mois.
À Saint-Nazaire, Gérard participe avec force à la JC, qui va connaître un beau développement: ils vont vendre jusqu’à 400 exemplaires du journal Avant Garde au moment de la venue de Khrouchtchev. En 1961, il va devenir membre du Conseil national et, encore mineur, la majorité étant alors fixée à 21 ans, membre du Conseil fédéral du parti. Il s’est toujours senti reconnu et appuyé par les responsables.
Avec Maurice Piconnier, il se fait embarquer par la police alors qu’ils collaient des affiches « Libérez Ben Bella ». En cellule, Maurice Piconnier lui dit : « P’tit gars, on va être sorti vite fait, on va appeler les copains »... et ça n’a pas traîné. À l’arrière de la moto, Gérard a fait plusieurs campagnes avec Maurice Rocher sur le département, rayonnant de La Meilleraye au vignoble.
Il y a eu les luttes, comme la grève des mensuels en 1967 pour les salaires, avec 6000 manifestants nazairiens contre le lock-out patronal, ainsi que celle de la Sotrinec. Bien qu’adhérent CGT, Gérard se consacre plus au Parti qu’au syndicat. Le Parti est alors fort et pèse dans la vie politique. Les élections municipales de 1973 verront arriver 13 élus communistes au conseil.
En 1976, Georges Marchais vient à Saint-Nazaire faire des propositions sur la construction navale. Il y a à l’époque 1000 adhérents, et la section va se recomposer en trois sections, avec celle de l’Aérospatiale et celle des Chantiers de l’Atlantique. C’est cependant le moment où le Parti socialiste commence à renier les engagements du Programme commun, créant un certain malaise.
En 1981, Gérard ne participe pas à la fête, peu convaincu par l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand. Les camarades lui en feront la remarque...
La période de mutation du Parti, avec Robert Hue, n’a pas été une période bien vécue : « devoir se frapper la tête en faisant mea culpa... Nous n’avions pas à nous excuser du travail accompli ! »
Avec sa fille, entre les deux tours de la présidentielle, Gérard a inondé d’affiches contre le FN la ville de Saint-Nazaire : cela montrait qu’il faudrait encore compter sur le Parti communiste.
Toujours membre du Comité local, Gégé continue, comme depuis bientôt 40 ans, à diffuser l’Huma dimanche – il y a eu 16 ventes dimanche dernier.
En regardant en arrière, il considère que, pour l’apprenti en bâtiment de 14 ans qu’il a été, le Parti a été une école permanente et trouve qu’actuellement « on a du mal à ré-allumer les étoiles », regrettant le développement de l’individualisme et espère un réveil.