Témoignage de Michel Rica

« Ce qui m’a fait rejoindre le Parti communiste français, c’est certainement le fait d’être né dans une famille modeste, une famille ouvrière avec 5 enfants. Mon père était fraiseur à Saunier Duval et ma mère faisait des ménages et si les fenêtres de l’HLM où nous habitions avaient plusieurs carreaux, elles donnaient quand même à moins de 30 mètres sur la cour de l’usine des Batignolles.

Sur le mur de l’usine en grandes lettres « LIBEREZ HENRI MARTIN » ce même Henri MARTIN que j’aurai l’honneur de rencontrer 20 ans plus tard, lorsqu’il était directeur de l’école centrale du parti.

Les débrayages, les journées de grève, les occupations de l’usine en 1968 et 1971, les prises de parole traversaient, imprégnaient la cité et ont marqué pour toujours mon imaginaire.

Des années plus tard, j’ai eu la chance de connaître et de militer avec ces camarades qui animaient les luttes, Yannick, Henri, Gaston et bien d’autres camarades qui, ont éveillé ma conscience de classe, lorsque j’étais enfant.

Mon père qui était un militant de la CGT, plutôt anarcho-syndicaliste, n’était pas membre du Parti, mais à la maison, il y avait la VO, l’Huma Dimanche et PIF.

Dans le quartier, il y avait une cellule active du parti, les tracts dans les boîtes à lettres, le porte-à-porte, les pétitions, les ventes de l’HD.

Au sujet de l’huma, lorsque j’avais quinze ans, pendant les vacances scolaires, je remplaçais le camarade Y. COTTONEC, le livreur de l’Huma quotidienne dans les quartiers Est de Nantes. Tous les matins dès 5 heures, en plus des boîtes à lettres des lecteurs, je déposais plusieurs dizaines d’Huma à la conciergerie de l’usine des Batignolles que des camarades récupéraient à l’embauche et distribuaient dans les ateliers, idem chez le camarade J. LE DIGABEL, qui les rentrait à l’Aérospatiale (AIRBUS aujourd’hui). Evidemment, cela aidait considérablement au rayonnement des idées communistes chez les travailleurs.

C’est ma soeur ainée qui en adhérent à la JC va déclencher mon engagement quelques années plus tard.

C’est au printemps 1973 que j’adhère à la JC, à la fête du journal La Terre en Brière et le 11 septembre de cette même année, le coup d’état au Chili va me précipiter dans l’activité militante. Je découvre une JC organisée, active, militante dans les lycées et de nombreux quartiers nantais. C’est notre camarade Gilles BONTEMPS qui en est le Secrétaire départemental.

L’année suivante en 1974, c’est une autre expérience militante avec le coup de main aux comités de soldats (Claudine JACOTIN se souvient encore des tracts tirés clandestinement) exigeant la liberté d’expression dans les casernes, avec la distribution de tracts à la gare de Nantes, le vendredi et le dimanche soir lors des permissions qui se terminaient toujours par un passage au fourgon de police et des contrôles d’identité. Belle expérience.

En avril 1974, à 17 ans, c’est l’usine, l’adhésion à la CGT et au parti.

Au retour du service militaire en 1977, je m’engage un peu plus au parti en devenant secrétaire de la Cellule FRACHON. C’est mon camarade Michel LELOUP qui me propose la responsabilité de l’orga à la section Nantes Est.

L’échange fraternel, le militantisme, l’aide de camarades plus expérimentés vont être les outils formateurs de ces années là.

En 1981, les camarades me proposent de suivre l’école centrale, (formidable moment de connaissances et de culture) et en 1982 d’être membre du Bureau de Section de Nantes.

En 1986, je suis proposé pour devenir secrétaire de la section de Nantes, je sais que c’est une lourde responsabilité avec plus de 800 adhérents , mais je n’en mesure pas vraiment le poids, alors que des débats difficiles, du local au national commencent à traverser le parti.

La section de Nantes, c’est une belle expérience, de belles rencontres avec de belles équipes qui se succèderont jusqu’en 2001, puis c’est mon camarade Paul ROBERT qui en prendra la responsabilité.

En 1989, membre du secrétariat fédéral, je suis en disponibilité de de l’Education Nationale et deviens ce qu’on appelle « Permanent » du Parti. Là commence un autre rythme d’engagements et de responsabilités : l’animation du Parti, les réunions, les commissions, les congrès, les élections, les fêtes, les banquets, etc.

En 1995, les camarades proposent que je sois élu à la ville de Nantes, c’est donc une nouvelle aventure qui commence, toute aussi concrète, mais avec un Parti socialiste ultra majoritaire.

C’est à l’occasion du Congrès de Martigues en 2000 que Jean-René TEILLANT remplace Gilles comme 1er secrétaire départemental et que je succède à Jean-René à la vie du Parti.

En novembre 2002, en quelques semaines, Jean-René va être emporté par un cancer foudroyant et en avril 2003, au congrès départemental de La Montagne, je suis proposé pour devenir 1er secrétaire départemental et membre du Conseil National. L’équipe de direction va rester la même avec Yannick et Yann. Quelques années plus tard, Pedro puis Aymeric viendront la renforcer.

En 2010, c’est Aymeric qui prend la responsabilité de la fédération avec une équipe renouvelée.

Toujours membre de la direction nationale, c’est au CN que je vais poursuivre mon parcours militant en travaillant au secteur « Fédés ».

En 2019, c’est le retour en Loire Atlantique et particulièrement à La Montagne.

De ces 48 ans de militantisme, je reste persuadé de l’utilité du combat communiste face à un monde qui va si mal où les idées de progrès et de transformations reculent.

Pendant toutes ces années, j’ai eu la chance de rencontrer tant de militantes et de militants honnêtes, modestes, actifs, où la fraternité et le travail collectif étaient un moteur permettant d’être utile à notre peuple et au pays.

Notre parti a cent ans, il a su malgré les épreuves, traverser ce siècle, c’est un parti courageux, exigeant, son utilité est toujours aussi intacte.

Alors hier comme aujourd’hui, il faut continuer de s’indigner et de combattre pour changer ce vieux monde. »